lundi 13 janvier 2014

35 - Samaipata - c'est le pied!

Les transports dans ce pays sont décidément très chaotiques, pour faire 300km il va nous falloir une fois de plus 10 ou 12 heures. En même temps sur les trajets de jour nous avons de quoi nous occuper en regardant les allées et venues des locaux. À chaque arrêt de bus, il y en a toujours un, voir 4 ou 5, qui doit aller faire pipi ou acheter une glace...
faire pipi ça ne prend pas trop de temps car ici les gens pissent partout, il suffit de descendre du bus et hommes ou femmes font leurs besoins à moins d'un mètre de là, les femmes cachées par leur jupe traditionelle. Pendant ces 12h de transport nous avons donc compris d'où vient cette odeur de toilette que l'on rencontre dans tous les bus, nous soupçonnons les jupes des femmes...
Nous arrivons à Samaipata à la nuit tombée, le bus nous laisse au bord d'une route sans éclairage public et le chauffeur nous montre une rue en nous disant que le centre du village est par là. Cette arrivée est un peu gloque mais ça n'est pas grave, nous sommes contents de nous dégourdir les jambes et puis nous avons faim, il est temps d'aller nous restaurer. Nous déposons nos sacs à l'hôtel, l'endroit est charmant. Lors de notre réservation, on nous avait dit que nous serions certainement en dortoir et séparés qui plus est. Et là, bonne surprise, nous avons une chambre pour tous les  deux avec un petit balcon et des moustiquaires partout. Julie est ravie car ces derniers temps ses bras ressemblent à une calculatrice! Nous posons nos sacs et partons dîner au Chacana, avec chacun son burger et une bière, nous papotons avec un couple anglo bolivien, sympathique et charmant. Elle, d'origine de La Paz, nous conseille fortement de faire la descente en vélo de la route de la mort et elle confirme l'ouverture de la déviation, désormais c'est une route touristique: les bus, les camions et les voitures passent par l'autre versant de la montagne, on peut y apprécier la splendeur du paysage.
Seul bémol à ce village, Internet se fait rare, pas de connexion possible à l'hôtel, ni au restaurant,... nous verons ça demain!  Au dodo!

Au réveil, nous avons droit à un super petit déjeuner : assiette de fruits (banane, ananas, raisin, papaye), du pain aux céréales, du beurre et de la confiture de fraise le tout fait maison et accompagné d'un bon café. C'est assez rare d'avoir un petit déjeuner de cette qualité dans les hostels que l'on fréquente... nous faisons la connaissance de Marielle, une française venue en Bolivie pour apprendre des techniques de tissage qui est depuis plusieurs jours à Samaipata, du coup elle nous conseille sur les excursions à faire...
Nous partons directement voir ce que propose les agences de tourisme, très peu sont ouvertes si tôt mais aujourd'hui nous n'avons pas besoin de guide, nous allons visiter el fuerte, un site UNESCO à dix kilomètres du village. Du coup nous jetons rapidement un oeil au musée du village, qui explique à travers quelques "reconstructions hypothétiques" à quoi pouvait éventuellement avoir servi ce site...
Nous faisons ensuite un tour de marché et achetons de quoi nous ravitailler. Quelques bonnes surprises sur ce petit marché, en rien comparable à ceux de Sucre ou de Cochabamba : nous trouvons du yaourt nature, une denrée introuvable depuis des mois, un citron vert qui va s'avérer être orange en son centre et être un véritable régal, des tomates délicieuses...
Après un déjeuner rapide à l'hôtel, salade de tomate accompagnée de salteñas (une spécialité locale comparable à un empanada) nous sautons dans un taxi collectif direction el fuerte. Après négociation avec le chauffeur, il accepte de nous conduire pour 20 bolivianos chacun et nous ferons le retour à pieds, il est temps de remettre la machine en marche...
Nous visitons tranquillement ce site précolombien, qui offre une belle vue sur la vallée et sur le parc national Amboro. Ces ruines gardent pour elles le mystère de leur utilisation... quelques hypothèses ont été faites, une forteresse, un temple... mais rien de définitif. Après 2h de visite, nous commençons notre descente vers le village. Depuis le début de l'après midi, les nuages menaçants tournent autour de nous, mais pour le moment nous sommes passés entre les gouttes. Nos jambes frétillent à l'idée de parcourir 10km, il faut dire que depuis un mois elles sont au repos, elles sont donc en pleine forme! En bas du chemin, il nous reste encore un peu plus de 3km en bord de route à parcourir quand la pluie se met à tomber, fine mais intense, nous nous mettons à l'abri sous une pente de toit en compagnie d'un travailleur et d'un jeune garçon a vélo qui ne tarde pas à nous rejoindre.
Le travailleur se fait rapidement récupérer par ses collègues, nous restons en compagnie du jeune encore 20 bonnes minutes... enfin une accalmie, nous ne savons pas si elle va durer, on sort quand même de notre abri et on fonce. Les 3 derniers kilomètres ne sont pas marrants: nous marchons au bord de la route et nous sautons dans les fossés trempés à chaque passage de bus, de camion ou de voiture. Enfin, ça pourrait être pire, nous sommes de retour à l'hostel pas trop mouillés et pas trop sales!
Nous essayons d'organiser les jours suivants en se renseignant auprès de la patronne. Pour faire une excursion dans le coin sans que cela nous coûte trop cher, nous devons être au moins 4. Nous voulons aller au mirador los cóndores, les propriétaires de l'hôtel nous invitent donc à laisser un mot sur le tableau afin de trouver 2 acolytes... Ils nous donnent également un plan manuscrit de randonnée gratuite qui va nous occuper demain. Nous dînons tranquillement avec une soupe sous la tonnelle et allons chasser les moustiques dans notre chambre qui, malgré les moustiquaires, arrivent à se faufiler. La nuit ne va pas être piquante, même si quelques mosquitos vont nous frôler les oreilles.

Au petit déjeuner, pas bien réveillés, deux jeunes françaises (Marie et Léa) viennent nous voir pour l'excursion. Elles sont intéressées et ont déjà fait la veille un tour des agences. Le guide recommandé par l'hostel, don Gilberto, ne les a pas du tout emballées, ne leur expliquant pas grand chose sur les excursions possibles. Nous envisageons donc de partir avec une des autres agences (très nombreuses), pour 185 ou 165 bolivianos chacun si nous trouvons encore deux personnes.
À 10h nous nous mettons en route pour notre randonnée gratis. Nous partons à pieds depuis l'hostel et nous dirigeons de l'autre côté du village. Là commence une montée brutale et longue, mais nos cuisses sont bien toniques, ça fait du bien! Reste qu'il fait déjà chaud, on commence déjà à regretter de ne pas être partis un peu plus tôt.
En haut nous admirons une très jolie vue sur le village. Nous sommes entourés de différents champs, certains de coca il nous semble. Un peu plus loin et un peu plus haut, nous profitons d'un superbe panorama sur le parc Amboro. Il s'agit d'un parc national à la frontière des zones forestières humides basses et des andes, présentant ainsi des paysages mixtes magnifiques. Dans un "petit recoin" de vallée, nous apercevons une scène sublime: des petites montagnes toutes resserrées et arrondies saupoudrées de nuages, faisant penser aux peintures japonaises. Nous apprendrons plus tard qu'il s'agit du parc municipal Bellavista.
Nous apercevons au loin des nuages ressemblant fortement à ceux qui nous ont rincés hier... nous décidons donc de déjeuner plus tard et de forcer le pas. Le trajet perd en intérêt et la chaleur devient accablante, mais nous parvenons à devancer suffisamment la pluie pour pouvoir déjeuner. La fin du trajet va être dure, le soleil tape trop fort... mais nous arrivons enfin à l'hostel. 22,5km et 700m de montée descente, on est super claqués. Mais on se motive directement pour aller faire des courses et pour aller voir don Gilberto, nous souhaitons nous faire notre propre idée.
Nous tombons sur un vieux monsieur très sympathique mais qui ostensiblement est plus à l'aise pour parler avec un mec d'une trentaine qu'une fille d'une vingtaine... l'excursion dépendant fortement de la météo du lendemain, Don Gilberto a l'honnêteté de nous proposer de venir le soir à l'hostel, après le bulletin météo, pour confirmer ou non l'excursion du lendemain.
Nous rentrons donc à l'hostel et après une douche salvatrice, nous présentons la chose à Mari et lea qui acceptent. Et puis elles ont recruté 2 personnes de plus, avec Gilberto et son prix fixe, ça nous amène à 85 bolivianos...
Ponctuel, Gilberto vient nous annoncer que la météo est bonne, il viendra donc nous récupérer à 6h30 demain matin. Allez hop, au lit, vite!

Le réveil est dur mais nous avons passé une nuit correcte... il faut dire que la bataille avec les moustiques a été brève hier soir! On a bombardé la chambre au Baygon 1h avant d'aller au lit, ça a réglé le sort de quelques nuisibles ;)
À 6h30 tapantes, Gilberto frappe à la porte et Mari part lui ouvrir. Elle revient rapidement et dit à Julien "vas le voir, il ne veut pas me parler, il ne veut parler qu'à toi!". À moitié amusé et désabusé par la manière de faire, Julien va discuter avec Gilberto. Il est embêté par la météo de ce matin, c'est couvert et il ne fait pas bien chaud... la randonnée au mirador los cóndores est sympa mais sans les condors au bout (qui sortent quand le ciel est dégagé et qu'il fait bien chaud), elle perd beaucoup d'intérêt. D'autant plus que les alentours regorgent de supers randonnées. Après discussions et concertations, changement matinal de stratégie: on va aller promener dans les petites montagnes japonaises!
Nous grimpons dans son 4x4, dont deux à l'arrière dans le coffre, puis partons pour 45 minutes de route et 1h de piste bien boueuse. Gilberto nous dépose à un joli point de vue et pendant que nous sommes occupés à prendre des photos avec le beau paysage en fond, il part chercher un guide encore plus local que lui... a priori il est proprio d'une partie du terrain emprunté. A leur arrivée nous sommes un peu inquiets: ils ont tous les deux à la main une machette, la balade s'annonce sauvage!
À peine nous passons le portillon d'entrée qu'un léger incident se produit: Mari ne voit pas le barbelé au dessus de la porte de nain et se le prend dans les cheveux, s'égratignant le cuir chevelu au passage. Ça commence bien :)
Nous descendons dans un canyon très étroit avec une végétation dense, les coup-coup sont à l'oeuvre, l'humidité est extrême. Julien réalise qu'il aurait dû mettre ses chaussures de randonnée lorsque ses baskets fusent et qu'il se retrouve sans bobo mais sur les fesses. Julie, toujours soucieuse du bien être de ses orteils, leur offre un petit bain de boue ;) Mais à part ça, tout se passe bien et nous parvenons au premier objectif de la balade, une jolie petite cascade.
Vers 11h15, nous atteignons un inattendu coin pique nique. L'occasion se présente de manger assis à table notre salade de pâtes, nous ne la manquons pas! La randonnée n'est pas bien difficile physiquement, mais nous avons démarré tôt, la chaleur et l'humidité rendent la marche difficile et il nous semble comprendre qu'il va falloir remonter tout ce que nous avons descendu... alors raisonnablement, nous reprenons des forces. Après avoir fait joujou avec une liane artificielle, nous nous remettons en route. La rando change du tout au tout, nous prenons de la hauteur, sortons du fond de vallée et de sa dense forêt humide pour atteindre un sommet de colline et ensuite de mini montagne nous donnant des points de vues géniaux! Ça a pas mal grimpé, mais à peine le temps de nous essouffler, les efforts des précédents mois paient... et puis nous avons le temps de souffler, les séances photo à chaque lacet permettent au moins cela :)
La fin de rando va être facile, le temps de payer la communauté locale et nous sommes déjà revenus à la voiture. C'était assez court mais pas toujours facile dans ces conditions, puis pour un 3e jour d'affilée c'était bien assez!
Au retour nous échangeons quelques bons plans voyage avec nos compagnons puis allons boire une bière dans un café avec wifi... il est encore tôt mais nous avons déjà très faims. Nous retournons donc dans le petit restaurant du 1er soir, on commande immédiatement en rentrant, ce qui nous permet de passer devant une bonne grosse tablée de touristes, pour déguster le menu du jour (soupe et Chili con carne). A 20h30, nous sommes déjà rentrés à la chambre. Nous préparons nos sacs et allons nous reposer, une grosse journée de transports nous attend demain.

Aujourd'hui est une journée décisive pour notre visite de la Bolivie. L'idée est d'aller à Santa Cruz puis de décider là bas entre deux itinéraires: passer par le nord dans la zone amazonienne (mauvaise route, surtout qu'on est en saison des pluies) direction une expédition en forêt ou alors prendre un direct pour la paz (option plus raisonnable même si on n'aime pas trop la logique du trajet sur la carte ;)
Nous commençons donc par prendre un gros petit déjeuner, histoire de ne pas avoir à manger le premier truc venu à midi... tartines, café, céréales, fruits, joghourt... de la quantité et de la qualité au petit déjeuner, voilà un bon début de journée! Nous partons récupérer les sacs en haut, à la chambre, afin d'aller choper un taxi collectif. En descendant les escaliers, Julien évalue mal la hauteur de la dernière marche, sa cheville droite tourne fort et il se jette à genoux pour limiter l'appui sur le pied... son gros sac lui passe sur la tête, la valise vole plus loin, il se recroqueville en serrant sa cheville et dit "ne ris pas, je me suis fait très mal!". Après quelques minutes, la sanction tombe: nouveau changement de stratégie matinal... Julien ne tient pas debout, nous ne partirons pas aujourd'hui. Voilà une bonne demie heure que Julien maintient la glace sur sa cheville quand la patronne s'approche, "je connais un monsieur qui manipule, je peux vous y accompagner, ça vous intéresse?". La réflexion est de courte durée, la moindre chose peut permettre de gagner de précieux jours de rétablissement...
Nous voilà donc dans un taxi qui part pour la ville d'à côté. Nous arrivons devant la porte d'un vieux monsieur. Il demande à Julien d'enlever son pantalon et s'attelle immédiatement à remettre en place tous les tendons de la jambe. Arrivé à la cheville, les effets des anti inflammatoires disparaissent, Julien serre les dents et souffle fort... minutieusement il triture les tendons des pieds puis enfin il sort un ustensile étonnant... un gros couteau rouillé! Pour détendre l'atmosphère, il dit à Julie de ne pas s'inquiéter, c'est juste pour couper le pied. Sérieusement, la lame est totalement usée et ne couperait pas un morceau de fromage... il se sert du froid pour agir autour de la cheville en faisant moins mal, en se servant de l'arête... la technique est assez brutale mais les résultats sont là, Julien parvient à reposer le pied au sol et même à marcher. Rien de magique là dedans, mais la cheville est remise en place!
De retour à l'hostel, l'employée propose de faire un cataplasme avec une recette trouvée dans un bouquin de médecine naturelle, Julien accepte... rien à perdre! Il se retrouve donc avec un cataplasme de gingembre, farine de maíz et vinaigre dans une feuille de choux: on n'aura jamais aussi bien soigné une entorse!
Nous mettons à profit l'après midi pour faire "un peu" d'organisation de voyage. Nous réalisons qu'il ne nous reste QUE deux mois en Amérique du sud, il va falloir remettre un coup de collier pour utiliser au mieux ce temps en Bolivie, Pérou et Équateur! Ça tombe bien, Julien va pas pouvoir trop bouger pendant quelques jours! Nous nous faisons un petit milk shake banane en guise de goûter déjeuner puis le soir des spaghettis sauce tomates du marché... on a bien bossé aujourd'hui, au dodo (avec le cataplasme bien sûr!). Demain nous allons à santa cruz et prendre un bus de 17h minimum pour la paz, la meilleure solution pour ne pas trop embêter la cheville violacée de Julien.

Voilà, c'est pas bien grave mais nous allons devoir composer avec ça pour la suite du voyage... il y a tellement de belles choses à faire ces prochaines semaines qu'il va falloir bien soigner tout ça!

Julie(n)

La randonnée gratis http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=5924521
Le trajet aux ruines à pied: http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=5924521


2 commentaires:

  1. hola j&j,
    un petit bonjour de colonia del scramento ou je vais finir mon voyage.
    en lisant votre blog on voit que tout va bien depuis notre rencontre a sucre...
    si vous faites etape a cassis au cours de votre "voyage sans fin" faites signe !
    bonne continuation
    christian
    ct123@orange.fr

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  2. Bonjour Christian,
    merci pour ton petit message qui nous a fait bien plaisir!
    Alors Colonia, ca t'a plu aussi? Pas trop dur le retour en France ?

    Nous n'hesiterons pas a te faire signe si nous approchons de ton coin dans la suite du periple. Tu es aussi le bienvenu chez nous, meme si pour le moment nous ne savons pas ou il sera :)

    A bientot
    J&J

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