samedi 23 novembre 2013

22 - Isla de Chiloé - l'auberge familiale chilienne

En ce lundi matin nous partons en direction de l'île de Chiloe au Chili. Une longue route nous attend, avec une fois de plus un passage de frontière. Ça commence mal notre premier bus à 9h30 du matin au départ de El Bolson est en retard, ça sent le roussi
car nous avons un changement à Bariloche et seulement 30 min de battement entre les 2 bus. Nous montons dans le bus en prévenant les chauffeurs que le retard risque de nous faire rater notre correspondance. Ils nous demandent avec quelle compagnie nous voyageons ensuite, ça va être juste mais ça semble encore faisable, ils annoncent une arrivée à 11h 55, notre bus est à 12h00... On est large!  Nous nous installons à nos places pas totalement convaincus que nous allons réussir à attraper le prochain bus mais quelques minutes plus tard cela nous importe peu car ce trajet va certainement être le pire de notre voyage: une bonne partie des voyageurs est constituée d'une école de musique de pré adolescents, flûtistes pour la plupart mais aussi violonistes tous débutants, et l'écran de télévision diffuse des clips vidéo des années 80 du même chanteur dont nous avons oublié le nom mais comparable à un mélange de Johnny, Patrick et Franck Michael... imaginez notre profond désarroi! Pour couronner le tout, un bébé vomit à la droite de Julien, c'est le ponpon! Dur dur ce lundi matin, le bureau nous manque ;)
2h plus tard nous arrivons enfin à Bariloche, il est 11h 55, Julien court chercher notre bus direction Puerto Montt, ils ont l'air d'être au courant de notre retard, ils sont prêts à intervenir, un homme vient prendre nos bagages dans le coffre du premier bus, les transporte directement dans le deuxième bus, nous ordonne de monter en précisant qu'ils sont prêts à partir et qu'on est pile à l'heure....
Ouf, mission réussi. Nous mangeons, somnolons (récupération après la torture matinale) et apprécions les beaux paysages en attendant la frontière. Une de plus, rien à signaler de particulier, encore une technique de fouille différente avec un chien joueur... Nous arrivons à Puerto Montt en fin de journée.

Puerto Montt est surtout une halte technique. Les objectifs sont achats de billets de bateau et ravitaillement au supermarché, il n'y a pas grand chose de rigolo à y voir ni à y faire. Nous y passons tout de même une nuit, chez la Casa Perla. Nous commençons à rencontrer quelques difficultés pour nous loger à prix bas dans le sud du Chili: il y a peu ou pas d'hostel, il n'y a rien sur internet, ils ne répondent pas aux mails quand il y en a... Le moins cher que nous rencontrons sont les hospedaje, des gens qui ont souvent la soixantaine qui louent des chambres de leur maison et partagent leur salle de bain et leur cuisine. C'est donc ce que nous découvrons chez Perla. Après une nuit reposante, nous partons avec nos sacs sur le dos acheter nos billets, faire nos courses et manger un quart de poulet frite au dans milieu du supermarché (étrange sensation) avant de sauter dans un bus direction Chiloé et la ville d'Ancud (en prenant un ferry qui nous offre notamment de superbes vues sur les volcans dominant l'horizon du coin).

A Ancud nous suivons les conseils de Perla et nous nous rendons à l'hospedaje Austral non loin du terminal, une petite maison de bois peinte en rouge. Nous n'avons pas de réservation, mais allons voir... au printemps il n'y a pas foule. Mirta, Pedro et le perrito (chien) Lorenzo nous accueillent chaleureusement. Immédiatement nous nous rendons compte que Mirta est l'adjudant chef de la maison, qui ordonne à "Pedrito mi amor" de faire ceci ou cela, nous interdit de faire la vaisselle, nous dit où nous asseoir... mais nous sommes chanceux, Mirta l'autoritaire nous a à la bonne, elle a bien évidemment une chambre pour nous malgré la délégation de retraités chiliens en vacance chez elle.
Après une bonne demie heure de blabla nous n'avons toujours pas vu notre chambre, par contre nous avons plein de bons plans dans la région, randonnées gratuites et peu connues, restaurants bons marché! Mirta parle beaucoup, énormément, mais elle donne de bons conseils à ses clients.
Pierrot mon amour le colombien réservé nous amène dans notre chambre sous les toits et découvrons une jolie pièce lumineuse mais bruyante et très aérée (moitié fenêtres, moitié passoire). Bouchons d'oreille et grosses couvertures seront donc de la partie. Le temps de s'installer puis de faire un tour de village, et il est déjà temps de se faire à manger. Pendant la préparation et la consommation de pâtes carbonara (ou quelque chose qui s'en approche), nous  faisons connaissance avec Roberto, un italien qui va nous accompagner dans notre expédition matinale demain. Tellement matinale qu'on se dépêche d'aller au lit, même si se libérer de la table de Mirta n'est pas chose aisée ;)

5h45 le réveil sonne... aie! 6h10 petit déjeuner rapide. 6h30 en poste sur le trottoir d'en face en attente du seul bus (un tous les 2 jours) allant sur la plage de Chepu. 7h03 le bus arrive enfin, on n'y croyait plus.
Le petit bus est rempli de quelques locaux se rendant en pleine cambrousse... après 1h15 de bus et au bout d'un long chemin de terre, le chauffeur nous dit que nous sommes arrivés. Mirta nous a fait une carte à la main et nous a donné moultes indications, pas toujours dans le bon ordre mais toutes justes. Au bout du chemin, nous longeons un fleuve, arrivons dans des dunes qui séparent la dense forêt de... l'océan pacifique. La végétation étrange et les paysages quasi préhistoriques sont simplement ahurissants. Une vache croisée sur le chemin ressemble à un appât pour dinosaure (comme la chèvre dans jurassic park), totalement ubuesque. La plage est sauvage, les rochers de bord de plage se transforment en falaises et en montagnes recouvertes de dense forêt... nous traversons une sorte de marais, l'occasion pour Julie de plonger une botte entière dans de la boue caca préhistorique et traversons une rivière.
Au niveau du refuge indiqué par Mirta, nous trouvons le sentier qui escalade ces mini montagnes. Le refuge est en ruine mais indique "sendero de chile", alors on fonce. Au bout de 50m de montée, le sentier paraît impraticable tellement il y a de végétation, on est presque obligés de progresser à 4 pattes et on regrette de ne pas avoir de machette... Roberto suggère de faire demi tour, mais nous avons le temps et si nous parvenons à monter, c'est que nous parviendrons à descendre ;)
Et parce que être têtu (testa dura en italien!) n'est pas toujours un défaut, nos efforts vont payer. Le sentier est mieux taillé au dessus et les restes d'un sentier anciennement très bien entretenu nous rassurent. 2 km plus loin et presque
450m plus haut, nous atteignons un mirador fantastique (première fois qu'on voit le ciel depuis presque 1,5 heures) équipé de bancs en ruine. Nous allons déjeuner confortablement assis face à ce beau paysage. Nous sommes tous les 2 installés sur le banc en bois le plus haut. Au moment de se lever un grand crac se produit et nous partons en arrière: Julien se retrouve en semi cochon pendu allongé dans l'herbe, se retenant par la main droite et ayant retenu la chute de Julie qui a glissé jusqu'en bas de la main gauche... pas de bobo mais une bonne frayeur et beaucoup de rires. Heureusement que Roberto est là, il aide les 2 tortues hilares sur le dos à se relever.
Cet épisode comique passé, nous nous remettons en route. Le défilé de paysages continue: forêt de grands arbres verts (tronc compris avec la mousse), prairie et collines à vaches, criques... nous rejoignons ce que nous croyons être notre destination. Après une bonne heure de marche en bonus de fin, nous croisons un bus qui passe à fond en nous disant qu'il revient, génial! Nous apprendrons plus tard que nous avons eu de la chance... ce bus est passé à un horaire inhabituel mais surtout par un chemin tout à fait exceptionnel... il nous restait encore une petite heure de rando en théorie mais nous avons perdu le fil du sentier. Tant mieux pour nous et puis comme le bus se dirige ensuite à la  plage que nous devions atteindre, on ne manquera pas grand chose :)
On se demande comment on va faire demi tour... pas de problème le bus file sur la plage, la parcourt sur 200m en klaxonnant une femme qui ose prendre des photos plantée au milieu et franchit au bout une petite rivière pour rattraper une route: normal!
Rentrés et douchés, on se remet immédiatement en selle pour ne pas sombrer, direction un restaurant recommandé par the Mirta guide. Au menu, une salade chilienne (tomate, oignons, beaucoup de persil et du jus de citron en guise de vinaigrette) suivi d'une paila marina (soupe de fruits de mers et de poisson). Délicieux et le tout pour moins de 12€ pour deux, qui dit mieux!?

Le lendemain nous levons le camp malgré les nouveaux bons plans donnés par Mirta: la technique de l'appât n'enraye pas notre machine à avancer :) décidément marrante cette bonne femme.
Une fois les photos prises devant l'hospedaje, a priori pour mettre comme nouvelle photo d'accueil du site, nous allons à nouveau sur le trottoir d'en face (vous aurez compris, il suffit d'être sur le trajet du bus pour monter) pour se rendre dans un petit village sur la côte est de l'île, Quemchi, avec en point de mire pour la soirée Castro. Nous allons essayer de passer par la route côtière pour parcourir les 70 bornes nous séparant de la "grosse" ville de l'île.
Le confort de ce mini bus est précaire... nous démarrons le trajet debout dans le couloir puis assis sur les mini banquettes. Il faut dire que le gabarit moyen est plutôt gringalet (julien s'inquiète de la suite en Bolivie et au Pérou...).
Arrivés à Quemchi, petit village de pêcheurs, nous réalisons que notre vadrouille ne va pas être évidente aujourd'hui... la route de la côte n'est pas desservie par les bus, trop bête, et il n'est pas raisonnable de s'y rendre à pied pour faire du stop, nous sommes trop chargés. Tant pis, on déjeune sur la place déserte face à une église mignonne tout en bois et colorée, c'est la spécialité de l'île (elles sont classées unesco). Après une ballade rapide sur la plage, nous partons illico pour Castro.

Au terminal nous nous faisons recommander une auberge par la bagagiste, direction un lieu familial, bizarre de cuisiner au milieu des enfants mais on s'y fait. Il faut dire que la nouvelle maîtresse de maison est beaucoup moins autoritaire et envahissante que notre amie Mirta :)
Nous prenons possession des lieux et réfléchissons à notre prochaine étape. Pour quitter l'île de Chiloé nous prenons un bateau pendant 24h, ça nous le savons et nous avons déjà nos billets par contre nous débarquons à 23h à Puerto Chacabuco est là rien est prévu... nous lançons quelques bouteilles à la mer (envoyer quelques mail à des hospedaje, c'est à peu près le même effet) et laissons passer la nuit pour voir.
Le lendemain direction cucao, tout le monde en parle ici à Chiloé, c'est depuis ce bled que l'on accède au fameux parc national. A priori pas besoin de se lever trop tôt, tout est largement faisable en une journée. Nous avons repéré un bus à 9h30 qui nous paraît parfait. Une fois levés et le petit déjeuner englouti nous filons au terminal. A notre arrivée nous constatons que l'affichette 9h30 a disparu, étrange... nous demandons pourquoi, sans trop d'explication on nous dit que le bus ne part pas aujourd'hui. OK pas de problème nous en trouvons un autre pour 10h :)

1h15 plus tard nous débarquons devant l'entrée du parc : beaucoup d'enfants et de retraités, même des poussettes... nous sommes inquiets!
Nous commençons par la randonnée vers la plage, nous ne croisons personne sur le sentier. Plutôt satisfaits nous arrivons sur une grande plage splendide digne de celle que nous avons vu à Chepu. Après quelques photos de la rivière de sable, nous gambadons impatients de découvrir le reste du parc. Et là c'est un peu la déception, nous ne voyons rien de plus que ce que nous connaissons déjà (ça y est nous sommes des touristes blasés). De plus enfants, vieux et poussettes on envahi tous les sentiers... pas contents nous rebroussons chemin rapidement et allons attendre le bus retour devant un chocolat pas très bon mais chaud.
Petite parenthèse météorologique, sur l'île de Chiloé, le temps est très breton (entre 1500 et 2000 mm de pluie par an!). Alors qu'à Ancud le soleil ne nous a pas quitté, à Castro nous découvrons la pluie fine, sans fin et parfois illuminée d'un rayon de soleil.

De retour en ville nous courons au marché sur le point de fermer ses portes. Nous nous sommes mis en tête de cuisiner du saumon : pas cher et très bon à Chiloé puisque produit sur place. Nous arrivons à temps et achetons 500 grammes pour moins de 2,50 euros. Contents de  notre opération nous rentrons à l'hospedaje cuisiner (au four recouvert de légumes avec un peu de crème fraîche: un régal).

Samedi, dernier jour sur l'île. nous prenons le bateau à 23h à Quellon. Nous nous réveillons tranquillement au son de la pluie sur le toit en tôle. Nous passons quelques coups de téléphone afin de réserver notre logement à puerto Chacabuco. Nos mails sont effectivement restés sans réponse. Sous la pluie toujours, nous partons visiter l'intérieur de l'église de castro, tout en bois sans vis ni clou il parait. Dommage il est 12h40, elle a fermé ses portes à 12h30... Déçus nous errons dans le marché artisanal et partons prendre notre bus.

Autre déception pour julie, à Castro il existe le musée d'art moderne de la ville qui est fermé pour rénovation des installations. Ce lieu semble très particulier et exceptionnel mais réouverture en janvier, pas de chance!

Nous prenons notre bus pour Quellon, il est encore tôt mais julien souhaite arriver avant 17h, trouver un wifi et regarder le match de rugby France / Afrique du Sud. Quel programme! 2h15 de bus encore une fois très inconfortable, nous débarquons au terminal de Quellon sous une pluie torrentielle, nous marchons jusqu'à l'embarcadère et après quelques aller retour trouvons un endroit au chaud: nous pouvons nous restaurer et emprunter le wifi de la radio locale voisine afin d'essayer de suivre la deuxième mi temps du match que les français ont perdu et que julien a finalement suivi à la radio...
21h15 nous embarquons en ayant pris soins de se droguer au base de cachet contre le mal de mer... malade pas malade ? La suite aux prochaines aventures, à marée basse!

Julie(n)




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